Mercredi 8 mai 2024,
Sur mon canap’.
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Au moment où je t’écris cette newsletter, je suis dans un état d’esprit assez bizarre. Tu as peut-être déjà vécu ça, tu sais, cette impression d’avoir le cul entre deux chaises, de ne pas savoir de quoi sera fait demain, de ne pas savoir si tu dois être triste ou heureux.
Je suis à un tournant dans ma vie, professionnel certes, mais un tournant quand même et des choix doivent être fait. Malheureusement, quand ces choix ne dépendent pas uniquement de toi, ça peut vite engendrer du stress. Alors oui, les fans du stoïcisme te diront de te préoccuper que de ce qui dépend de toi, mais comment te préoccuper seulement de ces choses quand tu sais que ces décisions vont avoir un effet sur ta vie.
Pour que tu saches de quoi je parle, je vais te la faire courte : je suis au chômage et France Travail (ex. Pôle emploi) veut que je trouve un truc à faire. Que je crée ma boite ne leur plait pas trop, un boulot stable serait préférable à leurs yeux. Même si j’ai réussi à les convaincre d’aller vers un projet de formation, je dois faire un choix quant au métier que je veux faire. Alors j’ai marché des heures et des heures, aux chants de parades amoureuses, pour me vider la tête. Tôt le matin, avant même le lever du Soleil, je sortais de chez moi. À l’heure où les gens dorment et que les premiers rayons de chaleur te mettent la main sur l’épaule, c’est le meilleur moment pour observer la nature et tenter de répondre à tes interrogations. Et je crois que j’ai trouvé la réponse : j’ai l’intention de passer une certification de coach. Ça fait sens quand on y pense. Je lis beaucoup de philo et de psycho pour essayer de comprendre les mécanismes du bonheur et de la souffrance, de comprendre aussi ce qui est responsable des problèmes de communications entre les gens et j’essaye, du mieux que j’peux, de les aider à être dans l’action pour améliorer leur vie, qu’ils se bougent le cul… au final, ce sont les bases du coaching.
Mais maintenant que je sais ce que je veux faire, je dois attendre l’accord de France Travail pour le financement de cette formation/certification. Sortir 8000 balles de sa poche, ça fait mal quand même. Surtout quand tu ne les as pas. Bien évidemment, ils souhaitent d’abord que je fasse une étude du marché, de l’immersion et un accompagement pour savoir si mon projet à un sens.
Je fais ce qu’ils me demandent, je suis le mouvement. Mais à la fin, ce n’est pas moi qui aurais le pouvoir de décider. S’ils refusent le financement, je devrais faire autre chose. Prendre une voie qui leur conviendrait à eux, pas à moi.
Alors je suis dans l’attente. J’attends que les rendez-vous se succèdent, j’attends que les décisions se prennent. C’est une période incertaine.
Et ça fait flipper l’incertitude. On a ce besoin de s’accrocher à quelque chose, de trouver un sens à ce qui se passe et à ce qu’on vit. Nous cherchons à nous sentir en sécurité et avoir une visibilité sur l’avenir nous permet de l’être. Nous savons pourquoi nous faisons ce que nous faisons aujourd’hui. Nous tendons vers un objectif futur. Mais quand on n’a pas de visibilité, on se sent paumé. Notre vie n’a plus de sens et parfois, on déprime. Cette dépression peut même aller beaucoup plus loin et conduire au suicide, sur le plan social, mais aussi vital, tant la vie nous paraît absurde — parce qu’elle n’en vaut pas la peine.
Pourtant, nous devons réapprendre à vivre dans cette insécurité, cette incertitude, cette absurdité. C’est une erreur que de sentir en sécurité, dans notre petit confort, parce que ça nous conduit à avoir des besoins irréels. L’être humain civilisé a appris à désirer le succès, la renommée, le mariage et l’argent. Mais ces désirs ne sont pas des besoins réels. Au contraire, nous avons besoin de nous sentir bien individuellement, de nous sentir bien dans nos relations et de savoir quelle est notre place dans la société. La sécurité nous amène à croire que ces besoins-là passent par des désirs irréels. Nous nous trompons de désirs et le capitalisme nous pousse à croire qu’ils sont viables. Il faut réapprendre à vivre dans l’insécurité pour se connaître réellement et pour toucher du doigt ce qui fait l’essence même du vrai bonheur : l’amour.
Parler d’amour, ça fait vite Peace & Love. C’est une mentalité de merde que de refuser d’y accorder de l’importance, que tu sois un homme ou une femme. Mentalité que j’ai eue pendant très longtemps et que je change petit à petit. Certes, c’est plus classe aux yeux de la société de parler d’argent, de business ou de cryptomonnaie, de montrer qu’on a réussi à évoluer dans la société ou de prétendre avoir réussi ; mais ce n’est pas ce qui rend heureux. L’argent est une aide ou même un outil pour le devenir, mais pas le chemin ni même la raison d’être du bonheur. Vouloir de l’argent pour être heureux, c’est comme prendre un doliprane dès que t’es un peu malade, ça a un effet placebo.
En chine, les gens vont voir leur docteur sans être malade. Là-bas, la médecine est préventive avant d’être curative. Ils cherchent à ce que tu ne sois pas malade au lieu d’attendre que tu le sois. L’amour, quant à lui, a l’avantage d’être à la fois préventif et curatif.
L’amour est une notion beaucoup trop complexe pour être développée dans un seul mail. L’étudier et l’analyser sous des aspects et des formes dont nous n’avons pas l’habitude de la voir permet de comprendre que c’est loin d’être aussi niais qu’on pourrait le penser. Les hommes ont tendance à rejeter l’amour. Ils pensent qu’ils perdront leurs couilles et que de petits seins leur pousseront à la place de leurs “pecs” de bodybuilder du dimanche. Pourtant, ils y gagneraient beaucoup dans la compréhension d’eux-mêmes et du monde s’ils y prêtaient attention.
D’ailleurs, Albert Camus avait prévu trois cycles à son œuvre : l’absurde, la révolte et l’amour. Beaucoup connaissent l’absurde avec l’Étranger ou le Mythe de Sisyphe, peu se sont intéressés à la révolte et Camus nous a quittés avant de nous parler de sa vision de l’amour. Mais si je te dis tout ça, c’est parce qu’il faut comprendre qu’un jour nous entrons dans ce cycle et qu’il y a deux solutions après l’absurde : soit tu reviens à ton état de base et n’accèdes pas au stade de révolte donc tu n’avances pas dans ta vie, soit tu te révoltes et te rapproches du dernier stade, l’amour.
Il est difficile pour moi de te dire à quel stade je suis aujourd’hui. Je n’ai pas encore atteint celui de l’amour, mais j’ai compris que je devais me révolter face à l’absurdité de la vie.
Je ne sais pas de quoi sera fait demain ni après-demain, mais ce que je sais, c’est que l’amour est mon arme contre l’incertitude et l’absurdité. Une arme contre la mélancolie, la nostalgie et la frustration. L’amour que j’ai pour mes proches, pour moi, pour les gens, pour la nature, pour la vie et je me dis qu’au lieu de me demander à quoi ressemblera demain, je peux commencer par me demander ce que je peux faire aujourd’hui pour m’éloigner de l’état de mal-être que je ressens et me rapprocher du bonheur.
Ce que je sais aujourd’hui, c’est que j’ai le cul posé sur mon canapé depuis au moins trente minutes, et que j’ai pris un plaisir fou à t’écrire cette édition.
Et ça, ça fait du bien.
Merci de m’avoir lu,
Damien
L'incertitude est inévitable. Et tu sais qu'on est dans le même bateau 😅
Notre capacité à la gérer dans les jours et les mois à venir va faire la différence sur notre situation future. Faisons en sorte que ça penche de bon côté 👊🏼
Je me retrouve tellement dans ce que tu partages 🙏