Un auteur de non fiction se doit d'être lent pour avoir une écrire prolifique.
#22 ou pourquoi auteurs de fiction et non fiction n'ont pas la même pratique de l'écriture.
Mercredi 19 juin 2024,
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L'auteur anglais Anthony Trollope a écrit 47 romans grâce à une habitude qu'il s'imposait. Chaque matin, il se levait à 5h30, prenait son café et s'installait à son bureau, devant une horloge. Il se mettait à écrire avec l'objectif d'atteindre les 250 mots toutes les 15 minutes.
Cette habitude lui permettait d'écrire 10 pages d'un roman par jour. En tant qu'auteur nous sommes nombreux à souhaiter avoir le même rythme de production tout en conservant la qualité de nos écrits.
Mais bien que cette méthode soit efficace pour les auteurs de fiction, est-elle appropriée pour les auteurs de non fiction ?
Même si nous pourrions croire qu'écrire quotidiennement comme Anthony Trollope pourrait nous permettre d'être des auteurs de non fiction prolifiques, il n'en est rien. Au mieux, cette habitude quotidienne peut nous aider à améliorer notre écriture ou notre capacité à raisonner. Mais les écrits produits risquent de ne pas être à la hauteur de ce que nous serions capable d'écrire en utilisant une méthode plus adaptée — et qui nous conduirait à une production tout aussi prolifique.
En comparaison à Trollope, nous pouvons citer Niklas Luhmann qui a été un auteur tout aussi prolifique dans le domaine de la non fiction. Le sociologue a écrit plus d'une soixantaine de livres et d'une centaine d'articles scientifique de son vivant et une dizaine de livres après son décès. Si cela lui a été possible, c'est essentiellement grâce à sa méthode de la slip-box — appelée aussi Méthode Zettelkasten.
Niklas Luhmann avait compris que l'écriture de non fiction n'est pas linéaire, mais fonctionnait plutôt sous le même schéma que le système neuronal de notre cerveau. Il avait aussi compris (et c'est ce qui a fait la force de son système de gestion des connaissances) que l'écriture de non fiction ne s'arrêtait pas à l'écriture. Elle englobe d'autres compétences dont la lecture ou la prise de notes.
En voyant l'écriture comme un ensemble compétences, il a pu élaborer une méthodologie qui lui permet d'écrire sur plusieurs sujets simultanément ; qu'au lieu de consommer des informations pour un seul et unique texte à la fois, il pouvait se nourrir d'une multitude de ressources et se contenter d'alimenter sa slip-box qui, elle-même, alimentait les écrits en cours.
C'est un système qui pousse l'auteur à une certaine lenteur dans l'écriture même, mais à une consommation basée sur de la pratique délibérée. Pour un auteur de non fiction, l'écriture commence dès la lecture.
Au lieu de chercher à écrire 10 pages par jour, un auteur de non fiction devrait plutôt chercher à rédiger 3 notes quotidiennement pour alimenter son système de gestion des connaissances.
C'est cette pratique et cette méthodologie qui amènera l'auteur à devenir aussi prolifique qu'un auteur de fiction qui écrirait 10 pages par jour.
Merci de m’avoir lu,
Damien
Références :
How to take smart notes - Sönke Arhens
Interview de Niklas Luhmann